Quand la vie me gonfle et m'apparaît terne et tristounette, je m'imagine que c'est un grand jeu. Et ça passe mieux.

Ca commence dès le matin. Je suis déjà en retard et pourtant je dois trouver l'autre chaussette qui va avec celle que j'ai dans la main : le jeu du Mémory .

Puis je cours pour attraper mon RER. Comme je descends en tête de train, je m'approche le plus possible de l'avant du train. Le but, c'est de rentrer avant que le signal sonore ne retentisse. Sachant que je ne reviens pas dans un wagon situé plus en arrière puisque c'est trop la honte en public. C'est le grand principe de la thèque. (ça a l'air compliqué, mais en gros, c'est du baseball simplifié.)

Dans la rue, je slalome entre les gentils bénévoles de l'ONG Care. J'évite le 1er au KWay orange fluo, puis passe entre 2 occupés à recruter, dernier obstacle une fille (reconnaissable à son imper coloré elle aussi), virage à droite puis à gauche. Ca y est, je les ai tous laminés. Des années d'entrainement à l'Epervier.

Dans ma grande surface préférée (celle où je me perds entre les rayons), j'ai une carte de fidélité. Pour consommer encore plus, encore mieux. Pour doubler mon pouvoir d'achat grâce à la carte L. et aux tickets L. Je suis complètement conditionnée par leur stratégie marketing. Bref, moi aussi, j'ai la carte L. Et a chaque passage en caisse, la caissière (ouais, c'est souvent des filles) me sort "vous avez 5,60 euros sur votre carte, on les garde ou on les retire ?" Et là, j'ai l'impression que je suis dans un jeu télévisé où l'animateur, tout le public en salle et les téléspectateurs retiennent leur souffle : va-t-elle retirer son argent ou est-elle joueuse ?

Si vous ne connaissez pas ces jeux magnifiques, c'est que vous avez dû avoir une enfance bien malheureuse. Sincères condoléances.