• Happily (n)ever after

    Il reste sur le mur quatre bouts de Patafix arectangulés. (alignés en rectangle, ça sonne bizarre non ?) Seuls rescapés d'un bonheur oublié, elle a dû décrocher les souvenirs trop douloureux.
    Elle cherche une colocataire car elle se retrouve seule à payer le loyer de cette grande maison. Le bus qui m'y emmène a pour prochain arrêt "bout du monde". Je descends juste avant. Tout le quartier a été refait. Sûrement par les mêmes promoteurs, ou alors des plagiaires. Les mêmes pavillons, les mêmes jardins, les mêmes zones commerciales ayant la forme d'entrepôts, la très-lointaine-banlieue. Son adresse ?  Fin fond du bout du monde, à droite. Elle y vit depuis quelques mois avec sa fille de deux ans. Sans rentrer dans les détails, elle m'explique que son mari et elle ont trouvé ce petit coin de paradis isolé pour y construire leur futur en commun. Mais le changement de job du Monsieur l'oblige à être sur les routes du pays 3 semaines dans le mois.
    Je me demande si elle croit elle-même à son histoire. C'est un peu comme lorsqu'on dit aux enfants "papa est parti faire un long voyage" pour éviter de parler de la mort ou d'un divorce.
    "J'attends de cette maison qu'elle soit un foyer, pas un hôtel. Ce qui était sa vocation première, mais les circonstances de la vie ...", sa voix s'étouffe dans un regret. Sans animosité. Silence de compassion pour ma part.
    Elle m'offre le verre de l'amitié et allume la télé pour son soap-opera préféré. Je deviens transparente, c'est son rendez-vous quotidien, qu'elle ne ratera sous aucun prétexte, même si c'est pour trouver la coloc qui lui donnera un peu plus de compagnie dans ce triste quotidien solitaire.
    Je m'amuse avec la pitchoune livrée à elle-même, cherchant un moyen discret de m'éclipser sans paraître impolie. Journaliste toujours, j'essaye de relancer la conversation sur la nécessité d'avoir une voiture ici.
    "Je suis en train de passer mon permis. Avant, je n'en avais pas besoin parce que c'est mon mari qui conduisait. Maintenant, pour la petite, il faut que je puisse me débrouiller seule".
    Le soap-opera n'en finit plus de débiter ses débilités. Je me lève, j'ai au moins une heure de bus pour regagner mes pénates. Je m'excuse poliment et prends congé.
    Elle a dû se douter que je n'étais pas du tout emballée d'aller m'isoler dans un tel environnement épanouissant. Je n'ai même pas demandé à combien s'élevait le loyer. La prochaine fois, je ferai au moins cet effort de politesse.

  • Commentaires

    1
    Dimanche 7 Septembre 2008 à 23:12
    un seul conseil
    Cours, Forrest, cours !
    2
    raz
    Mardi 9 Septembre 2008 à 00:52
    boo
    rien d'autre a dire que c'est un super texte
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :