• Viens voir le Docteur (Doc Gynéco)

    Un WE d'Août aux urgences, seule. C'est super glauque.

    En fait, ça commence comme un jeu de piste. Tu dois trouver l'entrée. Quand t'as mal au bide, tu pars déjà avec un certain handicap. Tu suis docilement les panneaux et quand il y a marqué "Urgences service gynécologie" tu sais que t'es arrivée. (bah oui, parce que si c'est pour avoir mal, autant que ce soit à un endroit qui te fasse bien chier ahahaha hum passons).
    Puis tu arrives devant l'infirmière, tu lui dis "j'ai mal". Et là gentiment, elle te dit sans rire:
    - dans ces cas là, faut aller voir votre médecin traitant.
    - il est en vacances
    - votre gynéco alors
    - il est en vacances aussi
    - bah faut essayer d'autres gynécos
    - ils sont tous en vacances, j'ai essayé.

    Bah vi, la pôv femme elle a un gros calendrier d'Août devant sa face, et elle est pas foutu de voir que j'ai épuisé toutes les idées avant de me résoudre à aller les voir, et que je suis arrivée à pied toute seule malgré la douleur et le dédale de cet hôpital. Je lui précise que j'ai pensé à SOS médecins aussi, mais je savais pas comment ça marchait genre la fille pas à court d'idées bref.
    - OK, je vais dire au médecin de garde de vous examiner
    - Merci

    1h plus tard. Personne dans la salle d'attente avec moi. En fait personne tout court dans le service, on est un vendredi soir d'un mois d'Août. Les seules personnes qui passent sont des infirmiers et des aides-soignants qui lancent un 'Bon WE' à la cantonade sans aucune réponse. (à mon avis des collègues jaloux). Mon infirmière qui m'a accueillie si chaleureusement repasse
    "ah tiens, il vous a oublié ? Je le rappelle".
    (p-e qu'elle a eu pitié de la mare de sang dans laquelle je croupissais - humour)

    Elle rappelle le médecin de garde, un jeune interne qui à mon avis ne prendra pas "gynécologie" comme spécialité vu la gêne qui est la sienne dès que je lui dévoile mon intimité. Perso, ça m'a juste gênée à la première consultation mais vu que mon anatomie avait l'air d'être le centre du monde ce WE pour tout le personnel soignant- c'est la fête au slip - franchement on se sent vite décomplexé (un peu comme un certain parti politique...)
    Je pense que je pourrais vite devenir naturiste - je blague.

    Un rapide tour de la question: bon il faut vous opérer. Demain. A jeun. 8h. Soyez prête. (on dirait un général qui envoie un fantassin à la boucherie). Je remballe le tout et rentre penaude à ma maison.(j'avais pourtant déjà pris mon pyjama en prévision).
    Samedi matin, la peur au ventre (et elle seule, pas de petit déj, pas de boisson), je me représente aux admissions des urgences. La femme est étonnée que je n'arrive pas en ambulance, ni en chaise roulante et que c'est moi qui me fais opérer, toute seule comme une grande.
    Pareil, même jeu de piste, je vais toute seule vers le service. (que je connais déjà depuis la veille).A gauche, le service maternité, à droite le service gynéco. (non, moi c'est un alien que j'ai dans le ventre, pas un bébé). Ma chambre donne sur une grande baie vitrée qui donne sur l'escalier de secours. La cachette parfaite du voyeur pendant mes soins et tout le tralala, bref. En fait, même pas besoin de se cacher suffit de se mettre en face. Plus fort que le Loft, plus besoin de caméras, l'hôpital !
    Brève ellipse temporelle parce que si on devait raconter tous les moments ennuyants à l'hôpital, on n'aurait pas fini, un gentil aide-soignant m'emmène au bloc. Ca ressemble à une chambre froide, en tout cas, ils ont mis la clim à fond. Ca discute vacances, huîtres à Paimpol, le médecin anesthésiste me met le masque sur la figure en me parlant de la grande bleue que j'entrevois et doucement je m'y plonge.
    J'ai une faculté d'assoupissement très grande, mais là c'était encore plus rapide que d'habitude. Je ne sais pas combien de temps aura duré l'opération. Je vois simplement une dame qui me sussurre que je suis en salle de réveil. Dommage, l'eau était si bonne.

    On me ramène dans ma chambre, c'est comme à la tombola, j'ai gagné une perfusion. J'ai le droit de la trimballer à chaque fois que je veux aller aux WC. Je me sens sale, dépendante et limite grabataire pour chaque mouvement. De gentilles personnes s'affairent au-dessus de ma tête pour vérifier le plic-ploc de ma perf. J'ai l'impression d'avoir 2 ans et que ma mère vérifie si ma couche est pleine. Le genre d'expérience qui te gomme tout ton amour-propre. Parfait pour l'humidité l'humilité. La nuit sera rythmée par le changement de perfs et les allers/venues des aides-soignantes qui ne saisissent pas la nuance entre chuchoter et crier. (ou alors c'est parce que l'hôpital était désert).

    Le lendemain, revue des troupes, encore un nouveau général (pardon docteur) qui examine ma croupe " bah c'est bon tout ça, vous pouvez sortir aujourd'hui".Une infirmière me remet des papiers de sortie (diplôme du bon petit soldat/ ou certificat d'aptitude au naturisme ?). Et je me rhabille et remballe mes affaires. Bref passage par la pharmacie de garde.Je rentre chez moi ce dimanche midi, seule.
    Seul témoin de cette aventure solitaire en milieu hospitalier un magnifique pansement blanc pour la perfusion. J'ai eu une pensée compatissante pour les jeunes femmes qui vont se faire avorter seule.
    Je pense et j'espère que ce week-end restera le pire de ma vie.

  • Commentaires

    1
    raz
    Lundi 11 Août 2008 à 07:52
    mince alors!
    Ciao miss :) :) :) Bon alors pour commencer: BON RETALISSEMENT! mnt il te faut une bonne teuf, des potes, un bon punch / rhum / vin et voila c'est le retablissement medical que je preconise: "google-raz" est ton ami lol!!! plus fort que doctissimo sinon ben vraiment vraiment navre de ce qui t'es arrivee mais quand tu racontes ton histoire on dirait que tu as deja les 10 annees de recul qu'on mentionne dans: "on en rira dans 10 ans" si ca peut te consoler moi mon WE etait... genial en fait!!! lol la street parade a Zurich mon Dieu troooooooop fort. J'ai des photos a te montrer Je te fais un ENOOOOOOOOOOORME bisou (fait parti du bon retablissement)
    2
    Lundi 11 Août 2008 à 09:28
    reconfort
    salut toi ! merci pour ta compassion ! je pense que l'écriture a une vertu thérapeutique d'où cette impression de recul que tu as en me lisant... Je veux bien voir les photos de la street parade, c'est sûrement plus rigolo qu'un hall d'un centre hospitalier le we. La bise d'une éclopée à vie (lol)
    3
    Mardi 9 Septembre 2008 à 08:12
    Te lire
    m'a donné mal au ventre :S
    4
    Mardi 9 Septembre 2008 à 12:34
    @tienxia
    moi c'était un peu plus bas que le ventre où j'avais mal :-(
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    5
    Mercredi 10 Septembre 2008 à 00:15
    Histoire de barbe.
    J'en ai conscience entière. Mais, je suis un garçon, avec de la barbe et tout ce que tu sais d'autre. Et ce, détail, a franchement été handicapant pour ressentir tout ce que tu as écrit ici. Enfin tu m'as compris. A bientôt.
    6
    Mercredi 10 Septembre 2008 à 17:30
    arf
    Oui, je t'ai compris. Parfois je me dis que je devrais éviter de raconter mes problèmes gynécologiques à des inconnus qui lisent un blog. En fait, ça me fait penser à un vieux billet que j'avais écrit sur le fait que le Net nous a complètement désinhibés. Le billet (accessoirement plutôt drôle - non je ne me lance pas des fleurs, c'est un ami qui me l'a dit :p) est ici http://www.blogg.org/blog-8330-billet-aaaah_l_amour-798039.html
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